– Partie 4

« Amour de l’Autre et amour Divin chez Rûmî,
Humaniste et Poète Mystique de Micheline BARTOLO »

Djalal Al-dîn Rûmî
Djalal Al-dîn Rûmî

_L’Amour de l’Autre pour Rûmî

Toutefois, il arrive également que le prochain soit un autre être humain, certes, mais différent. La tolérance constitue alors l’une des manifestations de la fraternité universelle, que prône Rûmî. Cette tolérance peut revêtir des visages divers, selon la nature de nos différences. Or, au treizième siècle, importaient surtout les différences de religion et de couleur de peau.

Rûmî fait ainsi preuve d’une grande ouverture d’esprit pour son époque, en affichant clairement sa tolérance à l’égard des autres religions, et en affirmant que seuls les chemins diffèrent, mais que toutes poursuivent un seul et même but, à savoir la recherche de Dieu et la proximité avec Dieu. Selon lui, les diverses religions ne sont en réalité que différentes voies d’accès à Dieu.

De même pour Rûmî, peu importe notre couleur, nous sommes tous des êtres humains.

benedictionNous sommes tous conçus de la même manière et identiques à la naissance, et nous serons tous semblables et égaux dans la mort. Il veut nous faire prendre conscience du caractère d’autant plus dérisoire de la différence de couleur entre les hommes, que celle-ci n’existe que dans le monde matériel ; aussi est-elle dès lors insignifiante aux yeux du mystique qu’est Rûmî :

« Les hommes sont de toutes couleurs, mais dans le tombeau,
ils deviennent tous de même couleur»

Concrètement, de manière générale, l’amour du prochain se manifeste de différentes manières, de la plus neutre à la plus active. La plus élémentaire d’entre elles se traduit par la volonté de ne pas nuire à autrui par nos actes, mais aussi par nos paroles et nos pensées.

Parlant de lui-même, Rûmî nous dit qu’il veille à ne blesser aucun cœur.

fleur_blanche_Aussi cet homme attentionné et respectueux des autres exhorte t-il les hommes à en faire autant, en ne faisant pas de mal aux autres, en ne médisant pas d’eux, et en chassant toute mauvaise pensée à leur égard, afin que les autres ne leur fassent pas de mal en retour. Selon lui, si l’on ne fait de tort à personne, personne ne nous en fera.

Il conseille en outre d’aller au-delà de cette neutralité, en témoignant de la bonté et de la tendresse à tout le monde, à tous les êtres de la création. L’adoption d’une telle attitude bienveillante présente selon lui le double avantage de rendre grâce à Dieu et de se rapprocher de Lui, d’une part, et d’autre part de trouver la sérénité et la paix de l’âme, en créant autour de soi un environnement plein de beauté, d’agrément et de douceur.

« Sois bon avec toutes les créatures, Pour l’amour de Dieu,
Ou bien pour la tranquillité de ta propre âme,
Afin que tes yeux voient toujours l’Ami.
La haine ne doit jamais entrer dans ton cœur
pour des Figures qui te déplaisent »

Aussi dans le cœur de l’homme, ne doit-il y avoir de place que pour l’amour ; il convient d’écarter tout sentiment négatif, car il ne peut en résulter que des désagréments, des images hostiles nous venant alors à l’esprit, et s’y répandant comme un venin.

« Aime toute chose, afin d’être toujours au milieu des fleurs et des roseraies,
car lorsque tu détestes toutes choses, des images hostiles t’apparaissent de sorte que,
nuit et jour, tu te trouves au milieu des ronces et des serpents »

Pour encourager les gens à faire du bien à autrui, il ne manque pas de souligner que ce bien, c’est à eux-mêmes qu’ils le font, tout comme c’est à eux-mêmes qu’ils font du mal quand ils font du mal à autrui, rappelant les versets du Coran :

« Quiconque fait œuvre bonne, alors c’est pour lui.
Et quiconque fait le mal, alors c’est contre lui-même »

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